Le difficile pari des banques centrales : maîtriser l’inflation sans déclencher une récession

La dynamique croissance-inflation évolue négativement avec désormais un véritable risque d’avoir une période prolongée d’inflation élevée et de croissance faible. En effet, l’inflation continue à battre des records tandis que le PIB mondial ralentit. Il en résulte un risque grandissant de stagflation qui se reflète de plus en plus sur les marchés financiers. Face au risque d’une inflation durable et non contrôlée, les banques centrales ont donc décidé de durcir leur politique monétaire en annonçant d’une part plusieurs hausse de taux en 2022 mais aussi la fin de l’injection massive de liquidité dans les marchés. Néanmoins, la dégradation des indicateurs économiques rend la tâche de plus en plus compliquée pour les banques centrales car un resserrement trop agressif des politiques monétaires pourrait entrainer une récession et particulièrement dans la zone euro.

La menace de la fragmentation financière de la zone euro

La Banque Centrale Européenne (BCE) a donc entamé un cycle de hausses des taux d’intérêt pour respecter son objectif de stabilité des prix dans la zone euro. De plus, après avoir déjà mis un terme en mars à son programme d'achats d'actifs de crise (le PEPP qui consistait essentiellement à des achats d'obligations gouvernementales destinés à soutenir l'économie face aux conséquences de la pandémie), la BCE a annoncé de mettre fin à son programme « classique » d’achat d'actifs (APP) à compter du 1er juillet 2022 toujours dans cet optique de diminuer les pressions inflationnistes.

 

Malheureusement, cette stratégie monétaire risque aussi de mettre à mal un autre objectif de la BCE : la stabilité financière des pays européens. De fait, la zone euro est confrontée à un risque de fragmentation financière c'est-à-dire que certains pays pourraient connaitre une hausse du taux de leurs emprunts sur les marchés financiers plus importante que d’autres car les investisseurs considèrent que leurs fondamentaux économiques sont plus faibles que les autres (ceux qu’on nomme désormais « pays périphériques » comme l’Italie, l’Espagne, le Portugal ou encore la Grèce).

 

Dans un environnement de taux bas, cette différence entre les pays est moins marquée et le taux d’emprunt des pays « faibles » reste soutenable pour leur dette. Par contre, le changement de politique monétaire de la BCE risque de provoquer un accroissement des écarts des taux d’intérêt entre les pays de la zone euro. Un pays comme l’Italie devra donc pour refinancer sa dette emprunter à des taux d’intérêt beaucoup plus élevés que l’Allemagne par exemple. Ce risque s’est déjà matérialisé sur les marchés financiers avec le taux italien 10 ans mis sous pression et qui a franchi les 4% en juin (une première depuis 2014).

La BCE tente de rassurer les marchés

Face à cette forte réaction des marchés, le Conseil des gouverneurs de la BCE s’est réuni en urgence en juin et a décidé qu'il appliquerait finalement une certaine flexibilité dans le réinvestissement des remboursements venant à échéance dans le PEPP. Par ailleurs, la BCE a évoqué la mise en place d’un nouveau comité chargé de proposer rapidement un outil anti-fragmentation pour soutenir les spreads européens. Cette volonté réaffirmée par la BCE de lutter contre le risque de fragmentation financière en zone euro en introduisant des instruments adaptés, a permis aux spreads des pays périphériques de se resserrer nettement (le taux 10 ans italien tourne désormais autour des 3,50%). Même si cette nouvelle à rassurer le marché obligataire, il convient d’attendre plus de détails sur ces outils pour évacuer totalement ce risque de fragmentation financière dans la zone euro.

Impact sur la gestion financière d’Ethias

Dans ce contexte compliqué, il est particulièrement important de pouvoir garder son sang froid et de ne pas fragiliser nos portefeuilles d’investissements qui restent résilients à long terme grâce à notre diversification et la qualité de crédit. Sur la partie obligataire, tenant compte du durcissement monétaire, notre stratégie d’investissement s’est concentrée sur la partie courte de la courbe c'est-à-dire des obligations moins sensibles aux variations des taux d’intérêt et de pas augmenter notre exposition aux pays périphériques. De plus, au regard, des risques importants sur les perspectives de croissance, nos portefeuilles actions ont un biais défensif.  Nous continuons à privilégier les actions à haut dividende tout en veillant à conserver une diversification sectorielle.